Les deux clavecins utilisés dans cet enregistrement sont fondés sur un original de Alessandro Trasuntino de 1531, qui appartient au musée du Royal College of Music de Londres. Trasuntino travailla dans la république de Venise entre c.1485-1545. Trois de ses instruments sont parvenus jusqu’à nous, tous des clavecins :
1. celui du Royal College,
2. un de 1530 appartenant à un particulier en Italie
3. et un dernier de 1538 qui se trouve au Musée des Instruments de Musique de Bruxelles.
J’ai fait les deux copies aussi identiques que possible, en prenant des pièces de bois consécutives du même stock pour chaque partie et en suivant les mêmes paramètres de barrages et d’épaisseur pour les tables d’harmonie. La différence entre les deux clavecins est que le premier, joué sur les plages 1 à 15, a la disposition qu’avait l’instrument original : registres de 8’ et 4’, et un ambitus allant de C/E, courte octave, jusqu’au fa3. Cela a eu pour conséquence que la majorité des cordes sont en fer. Le second clavecin, joué sur les plages 16 à 20, reproduit l’état dans lequel la plupart des instruments anciens furent reconstruits : le registre de 4’ fut enlevé, un second 8’ fut ajouté et la caisse renforcée pour soutenir la tension; un nouveau clavecin était ainsi fait avec un ambitus allant de GG/BB, courte octave, jusqu’au do3. L’échelle des cordes devenant plus courte, ces instruments pouvaient être entièrement montés de cordes de laiton.
Cette modernisation d’instruments anciens dans le but de convenir à un répertoire d’un goût plus tardif a sans aucun doute sauvé de la destruction plusieurs instruments qui, sans ces changements, auraient été considérés comme dépassés. Il est intéressant de noter que cette activité fut pratiquée durant une longue période. Le chercheur Denzil Wraight a trouvé des sources mentionnant qu’un instrument du milieu du 17e siècle, avait eu formellement un registre de 4’. Le Trasuntino de 1530, d’un autre côté, ne fut pas reconstruit avant 1704. À l’évidence, les clavecins primitifs ont continué d’être adaptés au goût du jour jusqu’au milieu du 18e siècle.
Autre aspect à souligner : la reconstruction résultait d’un changement d’ambitus et pas nécessairement d’un changement de hauteur. En ayant do plutôt que fa comme note supérieure, toutes les notes dans le nouvel ambitus étaient relativement raccourcies d’une quarte, mais cela est presque compensé par le changement des cordes de fer par celles en laiton à la fois plus douces et plus solides, indépendamment des diamètres de cordes choisis. Pour faire une comparaison la plus réaliste possible, j’ai monté le plus ancien de cordes de métal et le plus récent de laiton et les ai accordés à des hauteurs qui correspondent à des niveaux de stress équivalents : le premier au la 400Hz, le second au la 410Hz.
Malcolm Rose Traduction : Guy Marchand
Deux clavecins du facteur Malcolm Rose, 2003, d’après : Alessandro Trasuntino 1531 (Royal College of Music Museum, London).
Les deux instruments ont été gracieusement prêtés pour cet enregistrement par le Dr Joseph Kung..